"Deux Mohamed"

   Quel imam (ou recteur de mosquée) a fait remarquer cela ? Je n'arrive pas à le retrouver. Mohamed Legouad servait sous le drapeau français et il a été froidement abattu à Montauban avec un autre militaire de son régiment de parachutistes par Mohamed M. de Toulouse. Ce second Mohamed dont tout le monde parle, "franco-algérien" non barbu, exécrait la France et a basculé dans l'ignoble. Mais pourquoi devrait-on se souvenir plus de son nom que de celui de ses victimes ?

   Sept morts dont trois enfants innocents de confession juive… Aaron, 17 ans, blessé à Toulouse, témoin de l'exécution des enfants (âgés de 3, 4 et 8 ans), s'en sortira  dit-on. Le militaire blessé à Montauban, quatrième victime du monstre, est toujours entre la vie et la mort. Survivra-t-il ? Des policiers du RAID ont aussi été blessés… dans l'exercice de leur fonction, ce n'est donc pas tout à fait pareil, mais quand-même, quelles séquelles physiques et morales en garderont-ils tous ?  Le forcené djihadiste a bien cherché - et trouvé ! - les deux balles qui l'ont atteint en pleine tête. En espérant que cela serve de leçon et que son frère Abdel Kader (dont la voiture était pleine d'explosifs) et leurs confrères ne puissent jamais perpétrer de tels actes, que ce soit sur notre sol de France ou ailleurs.

   Cela me rappelle une petite conversation à l'école où j'assure des garderies, remontant à octobre dernier. Deux cousines et une copine discutent dans un coin. Alors que je m'approche d'elles, la copine m'interpelle, je ne sais pas trop pourquoi, en me disant : "Ben tu vois, je suis arabe, Axelle est juive et Ophélie est Guadeloupéenne". Je réponds à Mariam qu'elles sont effectivement d'origines et de religions différentes mais qu'elles s'entendent très bien, qu'elles sont bonnes copines et que c'est cela l'essentiel.

   Je n'ai pas poussé plus loin le débat avec ces trois élèves de CE1  - ce n'est pas mon rôle - mais elles sont toutes les trois françaises, né en France, habitant en France et fréquentant une école publique française, donc laïque. Qui expliquera à Mariam qu'elle n'est pas arabe (puisqu'elle n'est pas née dans la péninsule arabique) mais franco-marocaine et que l'arabe est sa langue maternelle, la langue que parlent ses parents et que savent parler tous ceux qui fréquentent une mosquée. Mais dans ce pays où elle grandit, c'est en français qu'on parle et c'est la langue française qu'on lui apprend à l'école. Elle identifiait Axelle à sa religion et Ophélie - de confession catholique - à son île natale. Il n'est pas question de revenir au temps où les cours d'histoire dans toutes les écoles françaises (y compris dans les colonies il y a plus de cinquante ans) commençaient par "nos ancêtres les Gaulois" mais  qui saura donner aux enfants d'aujourd'hui, nés et élevés en France, l'envie de se dire "Français" et donc compatriotes des Français  dits "de  souche" (d'origine "celto-romaine", de culture judéo-chrétienne, ou non) ?